Motif du deuil dans la poésie québécoise contemporaine

Une compilation assemblée par Véronique Cyr

Une introduction, selon Véronique

Dans plusieurs œuvres poétiques québécoises contemporaines, le motif du deuil s’arrime à un travail de la voix qui explore les affects liés à la perte de l’autre (ou de toute autre figure marquante de disparition) par l’entremise d’une langue où s’unissent et fusionnent le souffle, le rythme et les images. L’écriture qui en émerge en est une de la sensation et de la transformation du réel. Le poème qui met de l’avant le travail du deuil est en quête de sens et de perspective : un sens à donner au langage, à la mémoire, à la réalité pour traverser cette expérience tantôt douloureuse et tantôt libératrice. C’est indéniable : le deuil entraîne nécessairement de la tristesse, du chagrin, du désœuvrement. Cependant, grâce à l’acte poétique, il peut aussi créer un sentiment de liberté nouvelle. C’est le paradoxe du deuil.

Les poèmes sélectionnés ont un dénominateur commun : ils font tous état d’une métamorphose du monde intérieur à la suite d’un phénomène d’effacement. Les poètes sont hanté·e·s par la disparition d’une figure, iels en témoignent de diverses manières, en nous donnant à voir, à lire, à sentir la traversée des apparences qui en résulte.

Par exemple, chez Hélène Monette, dans Thérèse pour joie et orchestre, la mort de la sœur devient une cérémonie, une chorale, une symphonie, une célébration, un road trip temporel, qui convoquent plusieurs émotions à la fois; la joie et la tristesse se retrouvant en parfaite symbiose l’une avec l’autre tout au long du récit poétique. Idem chez Roger Des Roches, dans dixhuitjuilletdeuxmillequatre, tandis que le jour de la mort de la mère devient le point de bascule de la mémoire, du langage et de l’identité. Tout se met à vaciller, à s’ouvrir, à se délier, à se (re)définir, à se libérer d’une emprise. Enfin, quelle que soit la démarche esthétique, la génération ou le lieu d’origine de la/du poète choisi·e pour cette compilation, un élément s’impose : le motif du deuil dans l’écriture poétique ne laisse rien d’indemne dans la langue, il produit un mécanisme de bouleversement qui propulse ailleurs, plus loin, les assises du poème.

Les poèmes

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